Saint-Gervais : un maire en colère

Des trains remplacés par des bus aux ratages du refuge du Goûter en passant par les feux de cheminée, Jean-Marc Peillex n’est pas du genre à s’aligner sur la communication “officielle”. Interview du maire et conseiller général divers-droite de Saint-Gervais. Par Lionel Favrot

Quel est le problème en matière de transport dans la vallée de l’Arve ?

Jean-Marc Peillex : 50% des TER qui partent de la gare Saint-Gervais sont en fait des autocars. Ce n’est donc plus du transport propre ! En plus, le fonctionnement de ce service ne correspond pas aux besoins des habitants qui continuent en grande majorité à prendre leur voiture.

Pourtant, le Conseil Régional investit beaucoup d’argent pour les trains !

Le Conseil régional s’occupe de la colonne vertébrale, c’est-à-dire des axes Annemasse-Le Fayet et Annemasse-Chamonix. Mais il s’agit de territoires de montagne ! Nous n’habitons pas tous dans la vallée. Du coup, il faut vraiment distinguer le transport en direction des grandes agglomérations et nos besoins en transport locaux.

Selon vous, quelle serait la solution ?

Mettre des transports en commun dans des territoires aussi espacés que les nôtres, c’est quasi mission impossible. Il faudrait aller quasiment uniquement vers du transport à la demande.

Et pour les liaisons vers les grandes agglomérations ?

Aujourd’hui, il faut 4h pour aller en train de Chamonix à Lyon. C’est le temps qu’il faut pour aller de Lyon à Paris et revenir en TGV...

Mais il y a quand même le projet de contournement de Genève ?

Le CEVA, ce projet franco-suisse, va permettre un cadencement plus fréquent mais si on n’a que cela, cela ne suffira pas. Il faudrait une ligne ferroviaire moderne d’Annemasse à Saint-Gervais ou d’Annecy à Saint-Gervais. Il faut être conscient que nos infrastructures n’ont pas évolué depuis leur construction en 1900 ! La voie a bien sûr été électrifiée et entretenue, le matériel roulant changé. Mais c’est la même voie. Elle a donc 114 ans. On se croirait au Far-West.

Aucune étude pour des solutions alternatives ?

Si, bien sûr. Il y a eu des études de faites et des projets de prévus, notamment le doublement des voies, mais aucun n’a été mené à bien. Il faudrait rattraper ce retard tout en s’adaptant aux besoins d’aujourd’hui.

Qu’est-ce que vous demandez aujourd’hui ?

Il y a une solidarité entre les élus de la vallée de l’Arve pour financer le CEVA aux côtés de l’Etat, de la Suisse, de la Région, de la Haute-Savoie. A condition qu’on intègre ce projet dans un schéma global pour notre territoire avec le shunt d’Etrembières et la modernisation de la ligne La Roche-Saint-Gervais pour des liaisons plus directes et plus rapides. Le problème, c’est qu’on est un vieux pays qui met du temps pour construire ses infrastructures alors qu’il faut quelques années en Autriche, en Suisse ou en Italie.

Lire la suite dans Mag2savoies n°4