Les confidences d’un pilote

François Suchel est pilote à Air France depuis 25 ans. Cet habitant d’Annecy publie “6 minutes 23 séparent l’enfer du paradis”, un livre où il raconte ce qui se passe à l’intérieur du cockpit d’un avion. Mais ce commandant de bord de 46 ans témoigne aussi sur l’évolution de son métier, l’avenir de sa compagnie et la sécurité aérienne... Grand entretien. Par Maud Guillot.

 

SON PARCOURS

Comment êtes-vous devenu pilote de ligne ?

François Suchel : Je suis né en Afrique, à Yaoundé au Cameroun, où j’ai vécu seulement trois ans. Mes parents y étaient enseignants. Mais c’est peut-être là qu’est né mon goût de l’ailleurs, mon envie de découvrir le monde. Ensuite j’ai passé toute mon enfance et mon adolescence à Saint-Etienne. J’en suis parti pour faire mes études de pilote et j’habite désormais à Annecy.

Quel a été le déclic pour devenir pilote de ligne ?

C’est un métier qui était associé aux voyages et à l’aventure. J’imaginais un métier “extra” ordinaire. Mais ce n’était pas l’aspect technique du pilotage qui m’intéressait. J’ai passé les deux concours, celui de l’ENAC, l’école publique nationale, et celui d’Air France. A l’époque, cette compagnie avait sa propre formation qui était très cotée. Je les ai réussis tous les deux. J’ai choisi Air France. C’était en 1988.

Pourquoi avoir choisi Air France ?

Au delà de la qualité de la formation, ça me permettait d’avoir un pied dans la compagnie. A cette époque, il y avait encore la compagnie privée UTA mais aussi Air Inter. Moi, je voulais intégrer Air France qui était la compagnie la plus importante, avec plus de longs courriers, d’escales, d’avions différents... Ce qui permettait d’évoluer. Bref, Air France, c’était ce qu’il y avait de mieux. Puis les trois compagnies ont fusionné.

Comment avez-vous évolué au sein de cette compagnie ?

J’ai commencé sur moyen courrier. Pendant deux ans et demi, j’ai piloté un Boeing 737. Puis je suis passé sur Airbus 340 et 330 pour du long courrier pendant 14 ans. Je suis revenu sur le moyen courrier pour devenir commandant de bord en 2008. Je suis passé à “gauche” comme on dit.