Beaufort Le petit lait qui produit de l’électricité

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BeaufortLe petit lait qui produit de l’électricité

Il y a un an, l’Union des Producteurs de Beaufort a inauguré son usine Savoie Lactée à Albertville. Son originalité ? Le petit lait récupéré produit de l’énergie. Interview d’Yvon Bochet, président de l’Union des Producteurs de Beaufort. Par Vincent Sartorio

Comment avez-vous eu cette idée de créer de l’électricité à partir de petit lait ?

Yvon Bochet : D’abord, il faut préciser que l’Union des Producteurs de Beaufort regroupe 7 coopératives. Mais dans le cadre du projet Savoie Lactée, la coopérative laitière de Yenne et celle des Entremonts nous ont rejoints. Cela représente plus de 600 producteurs, soit un peu plus de la moitié du lait savoyard, réparti sur trois vallées. Or, depuis toujours, nous sommes confrontés à un problème de gestion du petit lait.

Quel est le problème de ce petit lait ?

Le petit lait, c’est la partie liquide qui résulte de la coagulation du lait. Quand on produit 5 100 tonnes de beaufort par an, on en libère 54 millions de litres. Or, c’est très polluant. On peut certes le transformer en poudre de lait. Mais le marché n’est pas très florissant. Lactalis qui nous l’achetait avait tendance à tirer sur les prix. Donc on a décidé de réfléchir à une nouvelle utilisation de ce “déchet”.

De là à faire de l’électricité avec !

On a investi dans différentes études pour voir ce qu’il était possible de faire. C’est là qu’on a rencontré Valbio et son directeur François Decker. Il nous a proposé de méthaniser notre petit lait pour le transformer en énergie. Il nous a convaincus.

Comment est ce que ça fonctionne ?

Nos jus lactosés, c’est-à-dire le petit lait, sont récupérés et méthanisés afin de produire du gaz. Puis on le sèche parce qu’il est très humide. On fait ensuite de la co-génération, en produisant à la fois de l’électricité et de la chaleur.

Comment sont utilisées cette chaleur et cette électricité ?

La chaleur est ré-injectée directement dans nos process. On en a besoin pour alimenter le four à 800 degrés dans lequel on injecte des micro-gouttelettes de lactosérum pour fabriquer la poudre de lactosérum.

Et l’électricité ?

On a produit 3 millions de KWh de gaz cette première année. C’est beaucoup plus que ce qui était prévu ! On a la capacité de produire l’équivalent de la consommation annuelle d’un village de 1 500 habitants. Mais on rencontre des problèmes techniques avec notre équipementier Cogenco, filiale de Veolia. On est d’ailleurs en conflit avec lui.

Vous vendez cette électricité ?

Oui, on le vend au réseau EDF au tarif réglementé.

Tout votre petit lait passe dans la production d’énergie ?

Non, il y a plusieurs étapes dans ce projet de valorisation du petit lait. On produit aussi de la poudre de lactosérum, la WPC80. C’est une poudre chargée à 80% minimum en protéine. Elle peut être utilisée dans l’alimentation animale, mais c’est alors peu valorisé. Ou pour l’homme comme par exemple dans la nutrition sportive. On vient d’ailleurs de signer des contrats intéressants dans ce sens. On produit environ 500 tonnes de poudre par an que l’on espère valoriser au minimum à 6 000 euros la tonne, donc ça fait 3 millions d’euros. Mais on produit aussi du beurre.

Toujours avec ce petit lait ?

Oui, une fois que l’on a fait le fromage, il reste 6 grammes de matières grasses par litre de sérum. Donc on écrème ce petit lait pour produire du beurre. Notre beurre de baratte se commercialise très bien. En ce moment, on vend nos 250 à 300 tonnes entre 3,5 et 4 euros. Ce qui représente entre 1 et 1,2 million d’euros de chiffre d’affaires.

Savoie Lactée est donc un investissement rentable ?

Pour l’avenir oui. L’Union des Producteurs de Beaufort a emprunté 10 millions d’euros et auto-financé 1 million d’euro pour construire Savoie Lactée. Et on a récolté 2,5 millions d’euros de subventions. Donc ce qu’on dégage actuellement de la valorisation du petit lait nous sert à rembourser les emprunts. Mais on a aussi créé 11 emplois au sein de cette usine. On n’investit pas pour nous mais pour ceux qui arrivent derrière. Moi j’ai 55 ans, ça ne modifiera pas le prix de mon lait. Mais les trentenaires ou les quarantenaires, et surtout nos enfants, en verront les bénéfices.

 

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