“Un aménagement raisonné des territoires”

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Conseiller délégué aux espaces valléens et élu de Moutiers, en Savoie, Fabrice Pannekoucke défend cette démarche progressive. Propos recueillis par Lionel Favrot

 

Quels étaient les objectifs de la phase 1 du Plan Montagne?

Fabrice Pannekoucke : Il y en avait cinq. Tout d’abord renforcer les dispositifs d’enneigement en renforçant les enneigeurs et de retenues collinaires. 177 projets ont été soutenus sur 90 stations pour 50 millions d’euros. On a également accompagné l’amélioration des logements des personnels saisonniers mais aussi la rénovation des centres de vacances et des hébergements de loisirs. Ce qui a concerné 113 projets pour 17,6 millions d’euros. En volume, cela représente 1 059 places pour les saisonniers et 5 500 places pour les centres de vacances.

Disposez-vous des moyens nécessaires pour aider à la rénovation de tous les hébergements tou- ristiques anciens trop énergivores ?

Non, la Région n’a pas la prétention de régler l’ensemble de ce problème. La totalité de son budget ne suffirait pas ! On agit là où il y a une volonté des stations avec une Maison de propriétaires. Ce sont des lieux ressources qui les informent sur des conseils de réhabilitation, des dispositifs d’aides et les entreprises compétentes.

Ne faudrait-il pas plutôt rénover massivement que construire de nouveaux bâtiments?Pour prendre l’exemple de laTarentaise, 3000 lits sortent du secteur marchand chaque année, c’est-à-dire qu’ils ne sont plus aux standards des locations car ils n’ont pas été suffisamment entrete- nus. Ce qu’on appelle les lits froids ou les volets clos. Si on ne construit pas, on subira une érosion de la capacité d’accueil des stations. Ces opérations nouvelles peuvent se faire à la place de bâtiments obsolètes. C’est le principe de la rénovation urbaine qui consiste à reconstruire la ville sur la ville, mais appliquée à la montagne, pour stopper l’artificialisation des sols. D’ailleurs, le dispositif zéro artificialisation des sols (ZAN) va conduire à des opérations de déconstruction-reconstruction ou de rénovation in situ. Le dispositif Avenir Montagne de l’État accompagne aussi ce type de projets. Si on ne peut plus consommer de foncier, il faudra bien trouver d’autres modalités pour que notre immobilier reste attractif.

D’autres dispositifs dans ce premier volet dont on peut tirer le bilan?Oui. On a aidé les petites stations. Ce n’est pas un terme péjoratif mais une catégorie spécifique pour laquelle on a débloqué 4,8 millions d’euros qui ont fi- nancé 50 % des projets de 31 stations. On a aussi engagé 15 millions d’euros pour les ascenseurs valléens qui permettent de rejoindre les stations en mobilité douce. Sans oublier l’aide aux séjours en montagne pour 21000 élèves depuis 2019. Malgré le Covid. C’est énorme!

Ces millions d’euros, ce sont des promesses ou des sommes dépensées ?

Des sommes dépensées.Tous ces chiffres figurent au compte administratif de la Région. Par ailleurs, en février 2021, on a programmé 400 millions d’aides à la montagne suite à la pandémie de Covid-19 mais tout n’est pas encore affecté.

Ces systèmes d’enneigeurs et de retenue collinaire, ce n’est pas dépassé comme solution par rapport au réchauffement climatique ?

Côté enneigeurs, on était très en retard par rapport à nos voisins européens en nombre et en technologie. Exemple : dans des stations de haute altitude où il y aura encore de la neige en 2050, on remplace des enneigeurs par des modèles douze fois moins consomma- teurs d’énergie. Concernant les retenues collinaires, on demande que ces aménagements soient multi-usages, ce qui favorise la biodiversité. Ces retenues peuvent également servir de réserve pour l’eau potable, les pompiers, l’ali- mentation des troupeaux, la pêche... Une retenue colinaire n’est pas une atteinte à l’environnement. Notre volonté est d’avoir un aménagement raisonné des territoires de montagne.

Qu’apporte la phase 2 de votre plan montagne ?

On a intégré un volet diversification des stations et un autre concernant l’accom- pagnement de la transition énergétique. La volonté de Laurent Wauquiez est de faire d’Auvergne-Rhône-Alpes la première montagne durable d’Europe.

Comment allez-vous intervenir ?

La diversification des stations, c’est une réflexion qui concerne l’ensemble des projets. Exemple : les ascenseurs valléens car ils peuvent permettre un accès des stations à l’année. Dans ce plan, on ajoute aussi la rénovation de l’éclairage public pour réduire sa consommation. Si on associe la mise en place d’ampoules LED à la réduction de la puissance, on peut atteindre 65 % d’économie. On veut aussi continuer à sécuriser l’enneigement pour pérenniser la saison hivernale car on a initié une dynamique qu’on ne veut pas stopper. On va aussi aider aux séjours en montagne pour tous les élèves, pas seulement le primaire comme dans le premier plan mais aussi les collégiens et les lycéens. Ce dispositif est également accompagné par les deux Départements de Savoie et Haute-Savoie.

Des exemples de projets aidés dans le cadre de la diversification de l’offre des stations?

La rénovation du patrimoine à Saint- Jean-d’Aulps, le plan vélo à Morzine- Avoriaz, de nouvelles glisses qui se géné- ralisent nécessitant l’aménagement des remontées mécaniques pour les accueil-lir... La Région accompagne beaucoup d’innovation.

Cela répond vraiment aux enjeux de la transition énergétique?

Il faut regarder la montagne avec lucidité et responsabilité. La lucidité c’est de reconnaître que ce qui fait la force de nos territoires, c’est la neige et le ski! C’est aussi prendre conscience de l’évolution climatique. La responsabilité, c’est de se dire qu’on ne peut plus construire autant que par le passé et diversifier l’offre. Ce sont les stations qui le font en conscience. La Région, elle, accompagne ces initiatives. Et il ne faut pas parler que des Alpes. Exemple : aux Estables, dans le Mézenc, en Auvergne, on finance de la luge sur rail, une acti- vité toutes saisons.

Vos opposants écologistes vous reprochent de financer une adaptation à ce réchauffement climatique plutôt que de choisir des options plus radicales...

PierreTorrente, qui préside le Cluster de la transition des territoires de montagne, le résume très bien: Si on veut tout casser, on va laisser beaucoup de personnes au bord du chemin et on n’aura pas réussi la transition énergétique. Il n’y a pas un bouton permettant de passer de l’ancien au nouveau monde mais une évolution vers un autre modèle